CTM

Déclaration liminaire du comité technique ministériel des 5 et 6 avril 2022

Monsieur le Président,

Crises successives

Alimentation, énergie, guerre….. En même temps que la crise de la COVID, nous entrons dans une crise sans précédent, un français sur deux affirme aujourd’hui être à 5 euros près. C’est grave ! Nos candidats à l’élection présidentielle sont en campagne, ils ont tous la solution « miracle » et nous promettent tous « monts et merveilles ».

Force Ouvrière, confédération libre et indépendante, fidèle à ses principes fondateurs, et à la Charte d’Amiens, dans le respect des opinions politiques, philosophiques et religieuses de tous ses mandants, ne donnera aucune consigne de vote.  FO Agriculture fidèle à ses convictions est et restera le seul syndicat libre et indépendant quelque soit le pouvoir en place, c’est notre FORCE, c’est le rôle du syndicalisme !

Dernière instance avant les élections présidentielles

Nous voici réunis à l’ouverture de la dernière réunion de cette instance sous la mandature politique actuelle. Nous ne perdrons pas d’énergie à vous interpeller sur des sujets généraux auxquels vous répondriez que vous ne pouvez engager vos futurs donneurs d’ordre politique…même si certains considèrent d’ores et déjà qu’ils seront encore là à l’été.

Nous noterons notamment le bilan des gouvernements qui se sont succédés depuis 2017 : une dose d’anti-social avec les effets désormais tangibles de la loi dite de « Transformation de la Fonction Publique ».

La santé mentale des agents

Dans un tel contexte de perpétuelles réformes et restructurations, c’est dire si la circulaire Fonction Publique relative à la santé mentale des agents semble de mauvais goût. Voilà l’État employeur qui va bientôt laisser assumer aux agents la responsabilité de leur propre bien-être au travail, tout comme de leur mal-être, et vice-versa. Une véritable provocation «vu des agents du MAA» soumis aux effets des politiques   gouvernementales. L’État employeur pyromane qui demande aux agents de jouer les pompiers ! 

Dégel du point d’indice

Les annonces par voie de presse (forme de dialogue social du gouvernement actuel) de la ministre de la Fonction Publique sur un potentiel de dégel du point d’indice – on ne sait pas à quel niveau – conditionné au fait que les fonctionnaires «votent bien» lors des présidentielles et législatives ne font pas illusion sur le bilan de la politique salariale du quinquennat. Nous nous souvenons toujours des engagements  PPCR non tenus de ce même gouvernement en début de mandature. FO Agriculture ne peut se satisfaire de cette méthode très particulière ! C’est maintenant que des mesures urgentes doivent être prises dans le cadre de réelles négociations. Les agents publics ont déjà subi des pertes de pouvoir d’achat énormes, attendre le résultat de scrutins électoraux pour prendre des décisions n’est pas acceptable ! FO Agriculture continuera de porter ses revendications avant, pendant et après les échéances politiques, en toute indépendance. 

En complément des annonces de la ministre sur ce dossier, on voit venir la suppression de la grille indiciaire et la fin du caractère unique de la valeur du point pour tous les versants de la Fonction publique. Ce qui serait une attaque intolérable du statut des fonctionnaires.

Rémunération des contractuels

Le recours aux agents contractuels s’intensifie dans toutes les structures, notamment avec le lancement de la gestion de la nouvelle PAC. L’augmentation du coût de la vie et particulièrement du carburant, met à mal leur budget.. Comme pour les titulaires, FO Agriculture demande pour ces contractuels une augmentation de leur rémunération afin de compenser la perte du pouvoir d’achat qu’ils subissent. 

Retraite

60 – 62 – 65 ans…. Aurons-nous une retraite dans l’avenir ? Concernant le report de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. FO Agriculture considère que le report de l’âge légal à 65 ans est une mesure idéologique, injuste, inutile et même coûteuse pour les finances publiques.

Mesure injuste car elle frapperait encore une fois les salariés des métiers les plus pénibles dont l’espérance de vie est bien moins élevée et d’autre part elle augmenterait le chômage des seniors. De plus, il n’y a pas d’urgence financière à mettre en place une telle réforme. C’est ce qu’affirme le Conseil d’orientation des retraites (COR). FO Agriculture reste et restera opposée à toute réforme contribuant à la casse de notre système de retraite.

Enquête FO Agriculture sur le CIA (complément indemnitaire annuel) : 

Cette enquête, en cours, révèle déjà bien des surprises, bien des méconnaissances, bien des dysfonctionnements. Nous touchons à la rémunération, au pouvoir d’achat des agents, Monsieur le Président. FO Agriculture vous fera le bilan de ce sondage et le publiera. Des réponses devront nous être apportées ainsi qu’aux agents.

Des enseignants et personnels de moins en moins reconnus dans leurs missions

Le 29 mars, nous nous sommes mobilisés avec d’autres organisations syndicales et d’autres organisations pour la défense de l’enseignement agricole public, contre les modèles privés, voire néo-libéraux qui émergent. Nous dénonçons que notre ministre laisse se développer ou même soutient des initiatives privées comme la formation vétérinaire à UniLaSalle ou encore Hectar. 

Nous défendons que l’enseignement agricole public, technique et supérieur, laïque et ouvert à tous, à toutes les ressources et les capacités à être créatif pour inventer l’agriculture de demain ; celle qui permettra d’assurer la sécurité alimentaire de notre pays ; celle qui permettra de faire face aux défis climatique et environnemental en développant l’agroécologie ou les outils numériques. 

Nous défendons qu’avec nos continuums, de la 4e au doctorat, du laboratoire au terrain et du terrain au laboratoire, nous avons les capacités de former les agriculteurs de demain afin de contribuer au nécessaire remplacement des générations.

Mais après la suppression de plus de 200 postes pendant le quinquennat et 2 ans de pandémie, nos collègues sont épuisés.

Mobilisés par ces défis et ceux de former et éduquer des jeunes et des adultes, ils ne se sentent pas soutenus, ni reconnus dans leurs missions.

Alors que les enseignants comme tous les agents de la fonction publique ont participé au bon fonctionnement de nos institutions pendant les crises successives, ils sont désormais désabusés face au bilan des politiques qui les ont malmenées. 

Dernièrement, pour cacher l’échec de la politique éducative de ce gouvernement, les médias se sont faits le relai d’un fonctionnaire « bashing » et « prof-bashing » sans limite : les enseignants devront travailler plus pour gagner plus, en sous entendant qu’ils travaillent peu ! Le Président sortant prétend que « Les enseignants Français ont une meilleure retraite que leurs homologues européens ». Ces propos ne servent qu’à préparer l’opinion publique à une prochaine réforme… 

« L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde » disait Nelson Mandela. Mais pour cela faut-il avoir la volonté de changer sans être sous les injonctions de tel ou tel Cabinet de Conseil. Ceux-ci ne visent qu’à servir leurs propres intérêts. On ne cesse de nous répéter que l’État n’a plus les moyens mais a priori ce n’est pas le cas pour tout le monde !

FO Agriculture n’est pas dupe de ces déclarations qui ne visent qu’à continuer à diviser pour moins payer. 

Alors que l’inflation repart, que les prix des aliments, des carburants et des logements augmentent, FO Agriculture interpelle sur le pouvoir d’achat (perte de + de 20% depuis 2010) !

Et ce n’est pas la mise en œuvre d’un nouveau régime indemnitaire pour les enseignants-chercheurs après le RIFSEEP pour les personnels administratifs et techniques qui va apporter une solution ! 

Pour FO Agriculture, c’est l’augmentation du point d’indice et la révision des grilles qui permettra de donner de la reconnaissance aux agents du service public. Sans service public, pas de République !

Un caillou dans la chaussure du gouvernement !

Pour conclure, Monsieur le Président, nous serons présents et au rendez-vous du prochain CTM, piloté par un « nouveau » gouvernement, un « nouveau » ministre, des « nouveaux » conseillers sans doute ! Nous essayerons de vous « coacher » vers les bonnes décisions, ce qui vous épargnera de faire appel à des intermédiaires extérieurs, inutiles à notre sens, consommateurs d’argent public, donc de notre argent. 

Je vous remercie pour votre écoute.