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Communiqué pouvoir d’achat des enseignants

Salaires des enseignants titulaires et contractuels : Histoire d’une dévalorisation sans fin…

Sans changement de cap, les enseignants vont continuer à se paupériser !

Les enseignants subissent un décrochage salarial d’une telle ampleur depuis les années 1980 que les effets d’annonces des gouvernements successifs pour revaloriser leur profession en perte d’attractivité sont plus qu’insuffisantes.

Entre 2005 et 2019, les salaires des enseignants ont augmenté en moyenne de 11% dans les pays de l’OCDE. En France, ils ont nettement baissé au cours de cette période !

Une chute qui semble sans limite

Au début des années 1980, un enseignant français débutant gagnait l’équivalent de 2,3 fois le Smic (soit l’équivalent de 2920 euros en valeur 2022), aujourd’hui, il perçoit environ 1,2 fois le salaire minimum. Cette comparaison éloquente, portée par l’économiste Lucas Chancel, Enseignant à Sciences Po, illustre la chute du salaire des enseignants en quarante ans.

Des rapports qui dénoncent un manque de considération constant

Alors que les concertations du gouvernement Macron ont débuté en cette fin d’année 2022, l’OCDE pointe dans son rapport annuel la faiblesse des rémunérations des enseignants en France. De même, un rapport publié en novembre 2021 par Gérard Longuet, sénateur, https://www.senat.fr/rap/l21-163-314/l21-163-3141.pdf et annexé au Projet de loi de finances 2022 fait un constat sans appel : le pouvoir d’achat des enseignants a diminué de 15 à 25% en 20 ans Une conclusion étonnante, car lorsqu’on fait une lecture rapide du document, on observe que les enseignants ont vu les montants inscrits sur leur fiche de paie augmenter ces vingt dernières années. Mais les sénateurs se sont attachés à analyser cette évolution en euros constants, c’est-à-dire en y corrigeant l’effet de l’inflation. Ils précisent également qu’« un professeur de moins de 30 ans ne gagne en moyenne que 1.806 €  nets par mois, soit 1,2 fois le Smic ». Au final, les maigres hausses des salaires des enseignants ne sont pas parvenues à compenser celle des prix et celle du Smic.

Et dans les autres pays européens ?

Force est de constater que les enseignants français sont loin d’être les mieux lotis en Europe. La France se place parmi les pays européens qui paient le moins bien ses enseignants. À titre de comparaison, l’Allemagne paie deux fois mieux ses enseignants, avec un avancement durant leur carrière plus important. La France se rapproche des pays du sud de l’Europe …

Le rapport du sénateur Gérard Longuet, note que « les enseignants français commencent et terminent leur carrière avec un salaire inférieur à la moyenne de l’UE ». Un état des lieux qu’il juge « très désincitatif pour les nouveaux entrants ».

Un État qui persiste dans sa politique salariale contre les enseignants

Malgré ces différents rapports sur la situation alarmante des enseignants, le gouvernement n’hésite pas à user de démagogie et de mauvaise foi. Mis en regard avec le niveau d’études, avec les exigences aux concours de recrutement, avec la pénibilité qu’imposent les conditions d’exercice, ou avec la charge de travail inhérente à la préparation des cours et aux corrections de copies, l’argumentaire gouvernemental est bien huilé. Il vise à présenter à l’opinion publique comme indécent le « timide » mécontentement enseignant, certains politiques allant jusqu’à proposer aux enseignants d’aller « cueillir des fraises » pour occuper leur temps (Sibeth Ndiaye au printemps 2020).

Dans ce contexte, le président prétend s’engager dans un plan de revalorisation des rémunérations en annonçant vouloir assurer un salaire d’au moins 2 000 € nets mensuels à tout enseignant en début de carrière.

Ne nous y trompons pas ! Par cet effet d’annonce le président veut démontrer à l’opinion publique sa bonne volonté sur la revalorisation des enseignants, oubliant au passage de préciser que la grande partie de nos collègues ne bénéficieront pas de cette augmentation.  De plus, l’inflation galopante fera probablement que le Smic s’approchera très prochainement lui aussi de ces 2000 €. En clair sans changement de cap, les enseignants vont continuer à se paupériser

Pour cela, FO EA exige une revalorisation immédiate des rémunérations de 25% pour tous, afin de compenser la baisse de pouvoir d’achat subie par les enseignants ainsi qu’une indexation du point d’indice sur l’inflation.

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Les revalorisations annoncées pour 2023 ?

Le projet de loi de finances 2023 prévoit une augmentation des salaires des enseignants. Présentée par le gouvernement comme « la réalisation d’un chantier ouvert en 2020 », elle est loin d’être à la hauteur des attentes. En effet à cet instant, seuls 10% d’augmentation sont prévus pour les enseignants en début de carrière, c’est-à-dire environ un tiers d’entre eux, et 10% d’augmentation conditionnée à la réalisation de missions supplémentaires pour tous. Cette annonce ne rattrapera jamais la perte de pouvoir d’achat subie en 20 ans (-25%). Et c’est sans compter que l’inflation continue à courir (6,4% prévu pour décembre 2022 selon l’INSEE) …

Pour gagner plus il faudra travailler plus et probablement s’épuiser au travail !

Le gouvernement a prévu que les enseignants qui voudront gagner plus, devront s’engager dans un « pacte enseignant » avec de « nouvelles missions ». Ces « nouvelles missions » rémunérées pourraient consister à accepter de faire des remplacements (sans pouvoir les refuser !), à assurer le suivi individuel d’élèves (aide aux devoirs…), à de la formation de collègues, à se former en dehors du temps de face à face, à faire de la surveillance pendant la pause méridienne en remplacement des AED, à de l’accompagnement à orientation…

Pour FO EA, il y a tromperie puisque « travailler plus pour gagner plus » n’est pas un moyen de revalorisation les salaires, c’est exiger plus de la part de personnels qui supportent déjà d’une surcharge de travail et des conditions de travail très dégradées…

Et que dire de la volonté du gouvernement de contractualiser la fonction publique…

La situation est aussi alarmante pour les enseignants contractuels car l’État ne les considère pas mieux. Entre des retards dans la mise en paiement des salaires, la non-prise en compte de leurs expériences passées dans leur reclassement, la multiplication des CDD qui n’intègrent pas les congés d’été, le refus du ministère d’un protocole national pour les agents des CFA et CFPPA… de plus en plus de collègues claquent la porte.

FO EA exige que les agents contractuels soient mieux considérés notamment par des conditions d’embauche décentes (réelle prise en compte de l’expérience dans le reclassement, paiement du salaire en temps et en heure…) pour les agents contractuels en lycée ainsi que la rédaction et l’application d’un cadre national minimal qui s’impose aux EPLEFPA et à leur conseil d’administration concernant le recrutement des agents contractuels dans les CFA et CFPPA.

Pour FO EA, le désintérêt manifeste qu’affiche le gouvernent pour ses enseignants titulaires et contractuels est proprement insupportable.

Pour faire entendre votre voix,
À l’Enseignement Agricole,
votez et faites voter FO
lors des élections professionnelles
de décembre 2022.