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Interview de Umberto Balsamelli par Csematin

« L’égalité de salaire des enseignants contractuels, un combat de longue haleine » U.Balsamelli / FO

Syndicaliste FO depuis 2016, la fibre syndicale d’Umberto Balsamelli est une histoire de famille.

Enseignant en aménagement paysager au lycée agricole d’Amiens, ce militant interviewé lors du congrès confédéral FO évoque le sens de son engagement et son combat à défendre les droits des contractuels.

Quel est votre parcours ?

En 2016, j’ai adhéré à FO enseignement agricole. J’enseigne l’aménagement paysager au lycée agricole d’Amiens. En 2021, j’ai été élu secrétaire national adjoint de l’enseignement technique agricole.

Comment est née votre fibre syndicale ?

C’est d’abord une histoire de famille : ma mère était également engagée à FO et mon père était enseignant. Ayant grandi dans le syndicalisme, le choix de FO s’est naturellement imposé à moi. Bien que ce ne soit pas le premier syndicat de l’enseignement agricole, il me semblait important de porter une seconde voix militante au sein de mon établissement. La pluralité, c’est bien ça la démocratie.

Avant 2016, je travaillais dans le secteur privé et à 30 ans, j’ai fait une reconversion professionnelle dans l’enseignement. Durant mon parcours, j’ai toujours essayé de venir en aide aux autres, c’est ce qui me caractérise. Par exemple, je suis également vice-président d’une association d’aide aux enfants malades « La Communauté I Have A Dream ».

Lorsque je suis devenu enseignant, une affiche FO en salle des professeurs m’a donné l’idée de m’engager. J’ai rapidement été invité par Christine Heuzé, la secrétaire générale, à intégrer le bureau.

Quels sont les moments marquants de votre parcours ?

Sortir un agent de la précarité et développer l’adhésion à FO constituent déjà des faits marquants pour moi. L’enseignement agricole public est constitué de quelque 200 lycées en France, avec 23 000 agents du ministère de l’Agriculture. Je suis moi-même contractuel, ce qui est rare dans les instances des organisations syndicales.

Les contractuels sont souvent stigmatisés car accusés de prendre le travail des fonctionnaires. Or ce n’est pas le cas : ils souffrent souvent d’une grande précarité due notamment au temps partiel imposé. Aider ces agents en les faisant passer à temps plein, renégocier leur reprise d’ancienneté en obtenant un échelon indiciaire supplémentaire constitue une victoire de mon quotidien. Les contractuels rendent les mêmes services que les titulaires, avec le même niveau d’exigence requis, ils sont évalués de la même manière mais sont moins rémunérés, ce qui est injuste.

Dans mon syndicat, nous nous refusons à opposer fonctionnaires et contractuels. Nous demandons la dé-précarisation de tous ceux qui le souhaitent.

Je fais remonter ces dossiers et je les suis de près, car c’est notre devoir de porter ces voix. Les contractuels ne sont pas des variables d’ajustement de l’enseignement mais des membres actifs. Mieux syndiqués, ils seront mieux défendus.

Ce sont les sujets que vous portez actuellement dans vos revendications ?

Oui, cela s’inscrit parfaitement dans l’idée fondamentale de FO, qui est connu comme le « syndicat de la fiche de paie ». 

Pour des missions égales, les contractuels doivent être payés comme les titulaires. C’est un combat de longue haleine, car ils sont souvent défendus par des fonctionnaires, qui ont du mal à intégrer leurs situations. Il est nécessaire de porter leur voix et de comprendre leurs problématiques spécifiques.

Quels principes appliquez-vous pour mener une négociation ?

FO a des positions claires ce qui nous permet d’aller plus en profondeur dans les dossiers que les autres syndicats et au bout de nos convictions dans la négociation.

Nous intervenons à différents niveaux. Lorsqu’un niveau est bloqué, je passe au supérieur :

  • Local (l’établissement) ;
  • Régional, les DRAAF (Direction régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt) ;
  • National, la DGER (La direction générale de l’Enseignement et de la Recherche).

Par ailleurs, pour trouver la juste mesure de l’intervention, je m’appuie beaucoup sur le travail de l’équipe syndicale à chacun de ses niveaux.

Qu’avez-vous pensé du congrès confédéral FO qui s’est tenu du 29/05/2022 au 03/06/2022 ?

C’était un congrès constructif, avec de nombreux échanges dans la semaine. Je regrette cependant qu’on évoque peu la situation des contractuels. C’était mon travail de faire remonter leurs problématiques dans les commissions, ce que je me suis efforcé de faire avec convictions.

Participer au congrès m’a permis de défendre toutes les spécificités de l’enseignement agricole public et contribuera à donner à notre nouveau secrétaire général FO, une feuille de route revendicative claire.

Comment percevez-vous l’évolution du syndicalisme depuis que vous militez ?

Nous constatons une volonté politique de se passer des organisations syndicales et du dialogue social, avec la loi de transformation de la fonction publique qui a vidé de leurs sens les commissions et les instances représentatives.

Les avancées collectives sont moins nombreuses, tandis que la défense individuelle des dossiers se généralise. En effet, le rapport de force est parfois très compliqué à mener. Face à la grande pression du gouvernement et de l’administration, les syndicats ont du mal à gagner et des acquis sont parfois en recul. Les adhérents militent moins par conviction historique mais davantage lorsqu’un problème les touche particulièrement.

Néanmoins, nous constatons que le nombre de nos adhérents est en progression, conséquence de notre mobilisation quotidienne à leur côtés.

Par Agnès Redon | le lundi 13 juin 2022