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CTREA Nouvelle Aquitaine du 24 avril 2020

Déclaration liminaire FO-EA

Le Président de la République a déclaré le 13 avril : »À partir du 11 mai, nous rouvrirons progressivement les crèches, les écoles, les collèges et les lycées « . Le patronat s’est déclaré « satisfait » : « cela permet aux entreprises de bien préparer la reprise, et aux enfants de retrouver le chemin de l’école » s’est félicité un porte-parole du Medef. Mais du côté des personnels, cette annonce a provoqué l’incompréhension. La contradiction est totale avec les raisons qui avaient prévalu à la fermeture des établissements scolaires le 16 mars.

Alors que la pandémie a fait plus de 21 000  morts dans notre pays, que le bilan s’alourdit chaque jour de plusieurs centaines de décès chaque jour, il faudrait ré-ouvrir les écoles au risque d’une seconde vague de contamination. On peut aussi remarquer que là où l’épidémie est aussi dramatique qu’en France (l’Italie, l’Espagne et l’Angleterre) les écoles ne devraient rouvrir qu’en septembre…

Pour FO-EA, il ne fait aucun doute que la décision de reprendre le 11 mai répond à une injonction du patronat. 

Dans nos établissements, comment appliquer les gestes barrières ? Comment y observer une distanciation sociale ? Comment assurer la sécurité des élèves et des personnels, dans les internats, dans les cantines, dans les salles de cours ? Comment assurer les repas en respectant les gestes barrière ? Comment assurer la distribution de matériels de protection alors qu’aujourd’hui encore bien des agents travaillent toujours sans les moyens de protection indispensables? 

Le président Macron indique que seules les personnes qui présenteront des symptômes seront testées. Or, on le sait, les cas de porteurs de virus asymptomatiques sont très importants chez les jeunes – mais pas seulement (voir le cas du porte avion Charles de Gaulle). Comment alors éviter une contamination?

Pour FO-EA la reprise des cours ne pourra se faire qu’avec des garanties :

  • La mise en application de l’avis adopté par le CHSCTM du 8 avril 2020 « Conformément aux articles 4121 -1 à 5 du code du travail, afin d’endiguer l’épidémie et pour assurer la sécurité et protéger la santé de tous les personnels, le CHSCT Ministériel exige la mise en place du dépistage systématique comme le préconise l’OMS […]. Le CHSCT Ministériel demande pour l’enseignement un dépistage généralisé aux personnels et aux élèves, apprentis, stagiaires ou étudiants comme préalable à toute reprise d’activité ».
  • La mise en œuvre de la distanciation de la communauté éducative et des apprenants.
  • La mise en œuvre de la désinfection systématique et régulière des établissements scolaires.
  • La fourniture de matériels de protection (gel hydro-alcoolique, gants et masques) en quantité suffisante pour les personnels et les élèves.

Comment les élèves pourront-il être accueillis en respectant les gestes barrières dans nos établissements qui accueillent des centaines d’élèves ? Par petits groupes, tous ne reprendront pas en même temps nous dit le ministre Blanquer. Comment peut se faire une telle mise en œuvre alors que beaucoup d’élèves sont internes ? Les enseignants devraient-ils travailler deux fois plus ? Faire cours au lycée aux élèves de retour en classe puis, en télétravail, faire cours aux élèves n’ayant pas encore repris ? Devraient-ils accepter de travailler sans limites jusqu’à l’épuisement ? FO-EA  exige le respect des droits des personnels et notamment de leurs obligations réglementaires de service.

Les personnels de l’enseignement agricole public font face en assurant la continuité du service public (enseignement à distance, continuité administrative technique et des exploitations, suivi, orientation, accompagnement social des élèves, etc.). Et vous avez, Monsieur le Directeur régional, adressé toutes vos félicitations, individuelles et collectives, aux agents pour leur engagement, leur travail et leur sens du service public.

Et pourtant, une ordonnance du 15 avril 2020 vise à imposer aux agents fonctionnaires et contractuels jusqu’à 10 jours de congés et RTT sur la période de confinement.

La crise a en effet mis sur le devant la scène l’importance des services publics et la faillite des politiques d’austérité qui les ont saccagés.

C’est pourquoi nous demandons les moyens nécessaires à l’Enseignement Agricole Public afin qu’il puisse préparer au mieux la rentrée 2020 qui aura un caractère exceptionnel : l’annulation de toutes les suppressions de classes et de postes pour la rentrée prochaine, le retour aux anciens seuils de dédoublement des classes pour TP/TD, des dotations supplémentaires à hauteur des besoins.