CTM

Covid 19 -Réunion organisée par le secrétariat général le 7 avril 2020

Contribution de FO enseignement Agricole

M le Ministre,

Dans ce contexte de crise sanitaire, le plus important pour les personnels de l’enseignement agricole, a été de préserver la santé de tous et de mettre en œuvre la continuité pédagogique afin que les jeunes n’aient pas à pâtir du confinement pour leur poursuite d’études et pour la préparation de leur diplôme.

Dans l’enseignement supérieur, l’enquête que nous avons faite auprès de nos collègues dans différents établissements nous permet de penser que, même si les personnels ont été très peu associés à la mise en confinement et à la mise en œuvre de la continuité pédagogique, celles-ci n’ont pas connu de dysfonctionnements majeurs. On déplore des agents et des étudiants atteints dans certains établissements. Néanmoins, dans quelques écoles, l’obligation de poser des congés pendant les vacances scolaires pourrait être imposée aux agents. Ce n’est pas la position de la DGAFP. Pour nous c’est scandaleux et incompréhensible. Le droit à congés doit rester de l’initiative des agents car ils sont conscients et respectueux des nécessités de service.

A l’institut Agro, les représentants des personnels souhaitent continuer de faire vivre la démocratie interne malgré le confinement. Ils soulignent notamment un certain nombre de points de vigilance, en particulier sur la question de l’autonomie des écoles internes et la nécessaire construction de dynamiques communes. Ils souhaitent éviter qu’une phase provisoire prolongée soit – ou soit ressentie comme – une phase de préfiguration non démocratique de mise en place des principes de fonctionnement et de définition du positionnement stratégique de l’établissement.

 Dans l’enseignement technique, selon vos services, la mise en œuvre de la continuité pédagogique aurait permis à 93% de nos élèves de poursuivre leur cursus, alors que 7% seulement seraient « perdus ».

Cela recouvre une réalité plus complexe.

Les équipes ont déployés une énergie phénoménale pour maintenir la relation pédagogique avec leurs élèves. Saluons aussi tous ceux qui se sont mobilisés pour améliorer les outils et fluidifier les réseaux. 

Mais partout, les personnels nous font remonter des problèmes liés à la surcharge de travail, aux problèmes de connexion, à l’absence ou à l’inadaptation des outils mis à disposition (tels que Pronote ou équivalent).  Ils sont inondés de messages de leur hiérarchie, de leurs collègues et aussi des familles et de leurs élèves ! Ils témoignent de l’obligation de faire de nombreuses réunions « à distance ». Il faut s’adapter en permanence aux nouveaux outils et assurer une veille constante des instructions à tous niveaux. Beaucoup y passent plus de 12 heures par jour, weekend compris ! Que dire des professeurs principaux qui ont dû gérer Parcoursup à distance ? Certains collègues commencent nous faire part de leur épuisement. Dans ce contexte, ils ont très mal perçu les propos la porte-parole du gouvernement « Nous n’entendons pas demander à un enseignant qui aujourd’hui ne travaille pas de traverser toute la France pour aller récolter des fraises.»….

De plus, beaucoup ont dû utiliser leur matériel personnel (ordinateur, téléphone, imprimante).

Vous pouvez nous vanter le peu d’apprenants en rupture mais n’est-ce pas l’arbre qui cache la forêt. Les remontées du terrain sont divergentes et la perte d’apprenants est très variable en fonction des niveaux (CAP versus BTS), des territoires (Rural / rurbain) ou encore de l’origine sociale des apprenants (favorisés /défavorisés). A la fracture sociale s’ajoute la fracture numérique ! Disposez-vous de données plus précises ?

Concernant les examens, tout le monde était suspendu aux déclarations de M Blanquer à la fin de la semaine dernière. M le Ministre, à FO Enseignement Agricole, nous partageons la nécessité de protéger les Français de la pandémie, mais nous déplorons la disparition des épreuves terminales. 

Pour nous, ces épreuves étaient un des remparts préservant l’équité et la valeur nationale du diplôme. Des questions concernant l’enseignement agricole, restent en suspens. Contrairement à l’EN, à l’EA, nous fonctionnons par évaluations des capacités et non des disciplines. En outre, chaque établissement ayant ses propres plans d’évaluation et ses calendriers, ce ne sont ni les mêmes capacités, ni le même nombre de CCF qui ont d’ores et déjà été évalués. Comment ces disparités seront prises en compte pour conserver une valeur nationale au diplôme ? Comment allez-vous prendre en compte les écarts de notation observés entre les établissements ? Y aura-t-il comme à l’EN, la mise en œuvre d’un jury d’harmonisation ?

Pour les premières années de cycles, comment seront rattrapés les nombreux CCF qui n’auront pas eu lieu ? 

Fort de notre attachement viscéral au diplômes nationaux Nous nous inquiétons du risque de manque d’égalité de traitement des candidats.  

Vous comprendrez, M le Ministre, que notre organisation syndicale s’inquiète pour les apprenants et pour les personnels.

Dans ce contexte, nous demandons l’arrêt de la suppression des classes, même à petits effectifs et de la suppression de postes dans l’enseignement agricole.

Le 7 mars

Christine Heuzé

Secrétaire Générale de FO Enseignement Agricole