CNESERAAV

Restructuration de l’enseignement supérieur agricole : suite au CNESERAAV du 10 octobre cela se précise !

Au CNESERAAV du 10 octobre, 2 textes concernant la structuration de l’enseignement supérieur agricole ont été soumis à l’avis des organisations syndicales :

  • le projet de décret portant création de l’université Paris-Saclay et approbation de ses statuts. Ce texte implique AgroParistech.
  • le projet de décret relatif à l’Institut national d’enseignement supérieur pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, établissement issu du regroupement de Montpellier SupAgro et d’Agrocampus Ouest.

Contexte :

En 2017, la lettre de mission du Premier Ministre au ministre en charge de l’Agriculture, demande d’assurer le rapprochement des écoles d’agronomie avec plusieurs objectifs dont la constitution d’un ensemble de premier rang mondial.

Alors que le projet originel était le rapprochement des trois grandes écoles, au 1er janvier 2020, il aboutira à deux projets :

  • l’intégration d’Agro Paris Tech (APT) à l’Université Paris Saclay ;
  • le rapprochement d’Agrocampus Ouest (AO) et de Montpellier Sup Agro (MSA).

Pourquoi ?

L’ordonnance 2018-1131 du 12 décembre 2018, relative à l’expérimentation de nouvelles formes de rapprochement, de regroupement ou de fusion des établissements d’enseignement supérieur et de recherche est venue bousculer le projet d’organisation de l’enseignement supérieur et de la recherche agricole. En effet, cette ordonnance privilégie le développement de pôles territoriaux. Dans ce contexte, un établissement ne peut devenir « composante » que d’un de ces pôles expérimentaux, sur une seule « plaque » territoriale.

Ainsi APT a fait le choix de s’associer à l’Université Paris Saclay, qui se crée en tant qu’EPSCP dérogatoire.

Quant au rapprochement MSA AO, des tractations ont eu lieu tout l’été entre la ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) et le ministre de l’Agriculture. L’Université de Montpellier, appâtée par les promesses de moyens nouveaux issus du projet I-SITE MUSE, conteste le rapprochement des Ecoles du MAA. Ce projet, dédié aux thématiques liées à l’agriculture, l’environnement et la santé, est en période probatoire et s’appuie sur MSA.

Pour les agents de Montpellier Sup Agro (MSA), leur école est menacée d’absorption par l’Université de Montpellier. Au CA du 12 septembre 2019, ils ont obtenu le retrait de la convention d’association à l’Université de Montpellier. Mais ils se sont sentis trahis le 1er octobre, car la voix prépondérante du président a fait basculer le vote en faveur de cette convention, dans une version unanimement refusée par le CT, et sans qu’il soit procédé à un nouveau vote de cette instance.

Cela nous interroge sur la politique de financement de la recherche par I-SITE, IDEX et autres plans, transformant les établissements en agences de recherche de moyens et les personnels en chasseurs de primes ou de dotes !

L’avenir ?

Le projet a vocation, à terme à intégrer toutes les grandes écoles agronomiques publiques sous la tutelle du MAA. Agro Sup Dijon devrait intégrer l’institut ACO/MSA au 1er janvier 2021. Oniris (partie agroalimentaire) s’associerait également. Quant à Vetagro Sup et Bordeaux Sciences Agro, ces écoles auraient fait montre d’intérêt pour rejoindre AgroParisTech.

Tout au long du processus d’élaboration du décret relatif à ce rapprochement, les personnels se sont impliqués et interrogés. Cela a permis aux OS de porter ces questionnements et d’obtenir des réponses : au groupe de travail du CNESERAAV, le 16 mai 2019, puis à l’audience avec le Conseiller du ministre, le 29 mai 2019. Néanmoins la méthode de travail et le calendrier retenus par le MAA continuent de susciter le scepticisme et l’inquiétude des personnels.

A FO enseignement agricole, nous avons un mandat : celui de défendre l’enseignement agricole au ministère de l’agriculture. Pour que nos formations préparent les jeunes à trouver un emploi dans l’agriculture et les secteurs connexes, nous pensons que nous devons rester connectés aux professionnels et aux politiques publiques de ce ministère. Nous pensons donc que ce projet permet à l’enseignement supérieur agricole de garder sa cohérence et ses spécificités voire de préserver son existence. Par contre, nous avons vu l’impact des fusions de ces 10 dernières années sur les personnels dans les différents établissements de l’enseignement supérieur agricole. De même cette fusion pourrait avoir un impact sur les conditions de travail de certains d’entre nous. Et nous ne pouvons pas le cautionner.

C’est pourquoi FO Enseignement Agricole s’est abstenue sur ces 2 points de l’ordre du jour du CNESERAAV du 10 octobre 2019.

Les votes :

  • pour le projet de décret portant création de l’université Paris-Saclay et approbation de ses statuts
    • Contre 1
    • Abstention : 24 (1 FO)
    • Pour : 8
  • pour le projet de décret relatif à l’Institut national d’enseignement supérieur pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement :
    • Contre : 4
    • Abstention : 20 (1 FO)
    • Pour : 7

Christine Heuzé, élue et Jacqueline Fayolle, suppléante