Compte rendu de l’audience avec le DGER le 27 août 2024
Compte rendu de l’audience avec le Directeur Général de l’Enseignement et de la Recherche et son adjoint le 27 août 2024
Christine Heuzé, Jean-Pierre Naulin, Nicolas Gilot et Umberto Balsamelli représentaient FO Enseignement Agricole.
Le mardi 27 août 2024, FOEA a été conviée à une réunion avec le Directeur Général de l’Enseignement et de la Recherche (DGER) et son adjoint afin de discuter des conditions de rentrée et de lever les incertitudes. Cette rencontre a permis à FOEA de réaffirmer ses positions et de formuler ses revendications.
Contexte national et préoccupations budgétaires :
La dissolution de l’Assemblée Nationale le 9 juin 2024 a plongé le pays dans une situation de chaos et de sidération. Après l’euphorie des Jeux Olympiques, l’annonce du report des budgets ministériels (minoré de l’inflation) suscite des inquiétudes quant à la capacité du service public à remplir ses missions efficacement. FOEA a rappelé que préparer les agriculteurs de demain à faire face aux défis sociaux, environnementaux et climatiques demeure une priorité absolue pour l’Enseignement Agricole public, laïc et gratuit. Cependant, la Loi d’Orientation Agricole reste en suspens en l’absence de gouvernement, laissant planer des incertitudes sur son avenir.
Valorisation de l’Enseignement Agricole :
FOEA a insisté sur l’importance de renforcer l’attractivité de l’Enseignement Agricole public : il est impératif d’augmenter le recrutement dans toutes les filières et de créer davantage de classes. Le recrutement d’enseignants et de personnels ATLS (administratifs, techniques, laboratoires et de santé) est une priorité. Mais la faible attractivité des métiers complique ce processus, contraignant souvent au recours à des contractuels précaires. FOEA réclame de meilleures conditions de rémunération et de travail pour ces personnels.
Conditions de travail et climat social :
FOEA constate une dégradation des conditions de travail, du climat social, et de la qualité de vie au travail dans certaines régions et établissements. Nous sommes de plus en plus contactés par des personnels qui souffrent du manque de soutien et de protection dans le cadre de contentieux avec les élèves ou les familles. C’est bien le marqueur de la limite de l’autonomie des régions et des établissements.
Recrutement des enseignants pour la rentrée 2024-2025 :
FOEA s’interroge : Comment se présente la rentrée en terme de recrutement des enseignants ?
- Des lycées recherchent des enseignants sur les réseaux sociaux.
- Sur ces mêmes réseaux, des néo enseignants à l’agri sont à la recherche d’informations sur les programmes, les contenus, les ressources.
- Les agents contractuels représentent maintenant plus de 23% du corps enseignant avec plus de 2000 agents.
Le DGER annonce que 96 % des postes sont actuellement pourvus.
Il précise que pour anticiper les problèmes de rémunération que nous avons connus l’année dernière, un travail de fond a été fait avec le SRH. L’intégralité des agents dont les contrats ont été finalisés au début de l’été, soit 77%, seront payés en fin septembre. Pour les autres, un peu plus de 400 agents, des consignes ont été données pour améliorer le taux de complétude des dossiers. Mais cela reste soumis aux règles de versement des salaires de la Fonction Publique. L’option de rémunération temporaire locale, un temps envisagée par le SRH, a été abandonnée.
Le DGER ajoute que plus de concours ont été ouverts en 2024. En allant exploiter les listes complémentaires (revendication portée par FO), la quasi-totalité des places offertes a été pourvue. Le DGER souligne des difficultés de recrutement en agro-équipement, en agronomie mais aussi en lettres et en langues.
Chiffres à l’appui, FOEA dénonce une tendance au recours aux contrats et à la précarisation.
Le DGER dément avec véhémence toute initiative visant à contractualiser volontairement dans l’Enseignement Agricole. Devant le Parlement, il plaide pour le maintien du nombre de postes de fonctionnaires dans ce secteur, et ce, malgré la diminution des effectifs dans la voie initiale.
En outre, le DGER souligne que le ministère a pour objectif d’améliorer la rémunération des agents contractuels d’enseignement, à l’instar des autres contractuels du ministère.
Améliorations mises en avant par la DGER pour la rentrée :
Le DGER présente plusieurs mesures visant à simplifier les tâches administratives (portail permettant l’accès à de nombreux logiciels des systèmes d’information) et à réduire le nombre d’enquêtes à deux par an.
Il complète ses propos en précisant qu’une note de service récapitulant les appels à projets pour l’année scolaire sera publiée.
Infirmier.es et AESH
FOEA a évoqué le CTI/Ségur des infirmier.es. Le ministère est à la recherche d’une solution.
FOEA continue de défendre un vrai statut pour les AESH.
Directeurs et DEA/DAT :
FOEA réitère sa revendication d’un statut de corps pour les directeurs. Le DGER répond qu’il ne portera pas ce dossier.
FOEA soulève ensuite la question de la mobilité des DEA/DAT après 4 à 8 ans, en particulier dans les territoires ultramarins et/ou dans le cas d’exploitations ou d’ateliers très spécifiques. Le DGER reconnaît l’importance de la mobilité pour ces personnels. Bien qu’il admette que, dans certains cas, ce statut d’emploi puisse ne pas être totalement avantageux, il souligne que, dans la grande majorité des situations, la mobilité reste bénéfique.
Conditions de rémunération et de travail des ACB
FOEA s’interroge sur l’aboutissement des négociations en cours sur les ACB de l’enseignement technique, notamment la partie temps de travail et rémunération, attente principale de ces agents.
Le DGER s’est montré confiant quant à la conclusion d’un accord collectif entre syndicats représentants des personnels et les représentants des employeurs (directeurs). Pour le DGER, au niveau des conditions de travail, il apparaît nécessaire et équitable qu’elles soient harmonisées sur tout le territoire. Pour la rémunération, il estime peu pertinente une homogénéisation nationale.
FOEA restera vigilante sur ces sujets.
Pour les ACB de l’enseignement supérieur, le DGER argumente que c’est aux établissements de gérer la masse salariale et le nombre d’agents dans la limite de leur plafond et dans le cadre de leur autonomie.
Questions à la participation des IAE aux missions d’enseignement :
FOEA a soulevé la question du traitement des heures supplémentaires des IAE. Le DGER a annoncé la mise en place d’une solution indemnitaire transitoire dès la rentrée, permettant de payer chaque heure réalisée. La consigne a été passée à l’ensemble des chefs d’établissement et SRFD pendant l’été. Une modification statutaire est à l’étude. Le DGER a rappelé son fort attachement à la participation d’IAE dans les équipes enseignantes.
Perspectives pour l’avenir :
Dans le cadre des politiques publiques des transitions agro-écologiques et climatiques, le DGER ajoute que le plan EPA2 (Enseigner à Produire Autrement), porté par le ministère, arrive à échéance en 2024. Il y voit l’opportunité de lancer le processus de rénovation du bac pro CGEA (Conduite et gestion de l’entreprise agricole) dans le cadre des défis : transitions et renouvellement des générations.
De plus, le DGER précise sa volonté d’ouvrir le bachelor agro, valant grade de licence, porté et défendu par FOEA, dans environ 5 établissements, par voie initiale scolaire, dès la rentrée 2025.
Pour finir, le DGER précise qu’une NS sera publiée sur les Valeurs de la République. Elle comprendra un calendrier, l’ensemble des ressources, des outils à disposition des équipes, les disciplines qui pourraient contribuer (EMC, coopération internationale, EPS, ESC…).
FOEA souligne l’importance de lever les leviers nécessaires, notamment en termes de moyens et de conditions de travail et de rémunération pour redonner de l’enthousiasme aux équipes, afin qu’elles puissent continuer à innover et s’investir pleinement dans la réussite des jeunes.
FOEA reste pleinement mobilisée pour défendre l’Enseignement Agricole public, laïc et gratuit, ses personnels, et pour garantir sa pérennité.