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Déclaration liminaire FO Enseignement Agricole CREA Nouvelle -Aquitaine le 19 octobre 2023

Déclaration liminaire FO Enseignement Agricole CREA Nouvelle -Aquitaine le 19 octobre 2023

Après les événements tragiques qui ont endeuillé toute la communauté éducative vendredi dernier, que dire, que faire ? S’attaquer à des enseignants, à Dominique Bernard, à des établissements scolaires, c’est évidemment s’attaquer à l’avenir, chercher à instaurer la terreur, mais aussi et surtout l’obscurantisme. Parce que dans le contexte actuel, avec les enjeux climatiques et  environnementaux qui se présentent à nous, seule l’école de la République sera en capacité de permettre à notre jeunesse de relever les immenses défis que l’absence totale de courage et de volonté des générations dirigeantes précédentes leur aura imposés.

Pour FO Enseignement Agricole, la bonne question est surtout qu’auraiton pu faire pour éviter ce type de drame. Parce qu’il n’est pas suffisant de se recouvrir le visage de cendres et de hurler à la mort en tordant les bras en tous sens après le drame, il conviendrait surtout que tout soit fait avant que celui-ci n’arrive afin, précisément qu’il n’arrive point. Mais est-ce le cas ?

Est-ce le cas quand, toujours au nom de l’idéologie ultra-libérale qui nous gouverne depuis si longtemps les moyens sont sans cesse rognés dans les établissements scolaires, quand on augmente les seuils, quand on réduit les parcours de formation,quand on prétend vouloir faire mieux avec moins et j’entends déjà la petite musique qui nous répond que tout n’est pas qu’une question de moyens ?

Est-ce le cas quand les agents qui dénoncent des situations de danger ne sont pas entendus, pas écoutés, sans parler des cas hélas trop nombreux où ils sont sanctionnés et discriminés ?

Est-ce le cas quand on conteste à des AED, ici, dans notre région, leur légitime droit à se défendre et à  se mettre en grève, revenant ainsi de facto sur l’un des principes fondamentaux de notre démocratie et de notre république ?

Est-ce le cas quand le dialogue social n’est qu’un mot vide de sens, que dans certains établissements les représentants du personnel et les représentants syndicaux sont victimes des agissements de directeurs en roue libre, discriminant, maltraitant, harcelant et ne respectant nullement le droit syndical ?

Et d’ailleurs, y-a-t-il un pilote dans notre avion ? On peut se poser la question au vu de ce qui s’est passé dans certains établissements de notre région ce lundi matin. Certains directeurs ainsi ont refusé de respecter l’instruction ministérielle du samedi 14 et ont imposé à leur équipe enseignante de prendre leurs élèves en cours, quitte à parler de ces événements sans aucune préparation préalable en équipe.

Y-a-t-il un pilote dans l’avion quand certains directeurs, au prétexte que les contractuels sur budget d’établissement sont recrutés sur leur seule initiative, s’autorisent à s’affranchir des règles élémentaires du code de la fonction publique en modifiant arbitrairement les contrats de travail, en retirant des missions à des agents en CDI pour les confier à des vacataires, ou des prestataires de service ?

Y-a-t-il un pilote dans l’avion quand des enseignants découvrent sur leur fiche de service un décompte des heures de pluridisciplinarité ne correspondant en rien aux textes en vigueur et que l’administration ne voit pas où est le problème ?

Non, décidément, se couvrir le visage de cendres et hurler à la mort en agitant les bras en tous sens ne sert pas à grand-chose, si à côté de cela, un vrai respect des agents qui font tourner notre système éducatif n’est pas là, à travers la mise en œuvre d’un vrai dialogue social, respectueux des organisations et de ceux qu’elles représentent.

Ca ne sert à rien tant que le seul critère d’évaluation des réformes reste les économies qu’elles permettent.

Vous pourrez toujours, monsieur le ministre, parler de l’immense responsabilité qui vous incombe en tant que ministre en charge de l’enseignement agricole à savoir protéger notre école, pour FO Enseignement Agricole : tant que ce ne sont que des mots qui n’ont aucune traduction en termes de reconnaissance, notamment pécuniaire, vis à vis des personnels qui, dans les établissements, la protègent effectivement, ces phrases sont et resteront vides de sens.

Finalement, il ne suffit pas de savoir s’il y a un pilote dans l’avion, sans doute est-ce nécessaire, mais vers où ce pilote nous emmène-t-il ?