Déclaration liminaire de l’intersyndicale Elan Commun/FO-EA au CREA du 28/11/2024 à Toulouse
Mesdames, Messieurs, membres du Comité Régional de l’Enseignement Agricole d’Occitanie, Monsieur le Directeur Régional, Monsieur le Chef de Service,
Les politiques libérales à l’œuvre depuis des années n’ont eu de cesse d’affaiblir les services publics. Sans surprise, le gouvernement Barnier s’inscrit dans cette continuité fixant le cap de l’austérité budgétaire et donnant une importance sans précédent à la droite la plus réactionnaire.
A l’instar du contexte politique, la rentrée de l’enseignement agricole a été sidérante.
Nous avons été assommé⋅es par des coupes budgétaires drastiques. Le malaise s’est généralisé avec l’absence de remplacements plongeant ainsi de nombreux EPLEFPA dans une situation catastrophique obligeant l’intersyndicale à demander audience au Chef de service dès la première semaine de la rentrée tant la situation était intenable pour de nombreux⋅ses agent⋅es à bout de force. Alors que le premier trimestre touche à sa fin, des collègues ne sont toujours pas remplacés ou le sont dans des conditions d’emploi fortement dégradées (HSE et vacations).
Dans le même temps, malgré les multiples témoignages de missions fantaisistes et une totale absence d’évaluation du dispositif PACTE pour l’année scolaire 2023-2024, celui-ci est reconduit. La gabegie se poursuit avec une nouvelle salve de distribution décomplexée de briques. Un choix politique que nous déplorons tant il constitue une nouvelle attaque contre le statut de la fonction publique en contractualisant les missions des agent⋅es, aboutissant au surmenage de certain⋅es tout en laissant d’autres au bord du chemin.
C’est dans ce contexte particulièrement délétère, qu’une nouvelle attaque contre l’enseignement agricole public s’engage avec la baisse drastique des moyens. En effet, d’un budget sans ambition, nous passons désormais à un budget de récession avec une réduction inacceptable de 3,9 millions d’euros sur la masse salarialesoit l’équivalent de 70 ETP au moins,alors même que nos effectifs augmentent et que notre mission est cruciale pour le renouvellement des générations d’agriculteurs⋅trices. A cela s’ajoutent les mesures régressives annoncées par le ministre de la Fonction Publique qui n’hésite jamais à faire du « fonctionnaire-bashing » à chacune de ses interventions publiques. Passage de un à trois jours de carence, réduction à 90 % de l’indemnisation des congés maladie, gel persistant du point d’indice et suppression de la GIPA… n’en jetez plus ! Les raisons de la colère sont multiples. L’intersyndicale Elan Commun-FO EA engage le bras de fer contre le gouvernement pour exiger un autre budget. Elle appelle à une mobilisation massive des agent⋅es de la fonction publique.
Le 7 novembre dernier, lors du CSA U REA, les représentant⋅es des personnels de l’Enseignement Agricole Public se sont unanimement abstenu⋅es au moment du vote de la carte scolaire dénonçant ainsi son manque d’ambition et le phénomène persistant d’autocensure de la part des établissements : 5 demandes d’ouverture uniquement proposées et seulement 2 avis favorables de la part de la DRAAF-SRFD. L’avis défavorable à la demande d’ouverture du bac pro Agroéquipement à Riscle a fait l’objet d’échanges nourris. Nous contestons l’argument avancé « Formation présente dans plusieurs établissements à proximité » car contrairement à ce qui a été indiqué en séance, cette formation ne fragiliserait pas les effectifs de Castelnaudary distant de plus de 200 km…
L’hypothèse la plus vraisemblable serait la concurrence public/privé qui aurait davantage motivé cet avis de la DRAAF-SRFD plutôt que celle entre deux structures publiques, et pour cause, cette formation est proposée dans un certain nombre d’établissements privés voisins.
Les CFA et CFPPA de l’EAP subissent également cette concurrence exacerbée avec le privé mais également entre eux. Cette compétition de tous contre tous dégrade fortement les conditions de travail des personnels. Les négociations en cours sur le protocole au niveau national, doivent permettre l’amélioration des conditions d’emploi et de rémunération des agent⋅es de CFA et CFPPA .
A l’heure des débats budgétaires, nous demandons la plus grande transparence quant au financement de l’enseignement privé. Nous rappelons l’impérieuse nécessité de maintenir un service public d’éducation de qualité pour toutes et tous en tout point du territoire. Nous demandons donc une réorientation des fonds publics vers l’école publique laïque et gratuite. Nous exigeons les moyens nécessaires pour accueilir, dans les meilleures conditions, tous les jeunes d’Occitanie qui souhaitent se former dans l’Enseignement agricole public.
Nous restons mobilisé⋅es et vous assurons de notre engagement sans faille pour l’Enseignement Agricole Public.