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Mettre un point final à la retraite unique par points

Les agents de la RATP, les avocats, les infirmières libérales, les médecins, les kinés, les pilotes, les hôtesses, les stewards, les personnels des impôts, les salariés d’EDF et pour finir, à l’appel de Force Ouvrière, les salariés du public comme du privé réunis dans une grande manifestation à Paris : si l’exécutif comptait sur une concertation apaisée pour sa réforme des retraites, c’est plutôt mal parti ! Et l’automne vient tout juste de commencer… Jupiter devrait redescendre sur terre et prendre la pleine mesure de la grogne qui monte depuis des mois et des mois. Mais pour l’instant, en première ligne, le Premier ministre tel un droïde programmé, susurre la même rengaine : le futur système de retraite sera universel, à points et voté d’ici l’été prochain ! Point. Tout juste consent-il à discuter avec les organisations syndicales et professionnelles pour voir si, pour certaines professions, la période de transition pourrait être plus longue ! Voilà un homme ouvert à la discussion ! C’est du moins ce qu’explique Matignon qui voit dans le discours d’Edouard Philippe prononcé au CESE le 12 septembre,« à la fois de la détermination mais aussi de l’ouverture ».

Enfumage ! tout est réglé d’avance et la pseudo concertation n’est qu’un habillage alibi dont le pouvoir veut vêtir les organisations syndicales. Sauf que, celles dont l’objet est réellement de défendre les intérêts matériels et moraux des salariés, qu’ils soient du public comme du privé, ne sont pas dupes. Cette farce avec en démineur en chef M. Delevoye doit s’arrêter.

Pourquoi prétendre inventer un système universel, alors que celui-ci existe déjà avec la quasi- totalité des citoyens couverts par un régime de retraites ou un code des pensions ? Ce n’est qu’un régime unique qui est inventé, avec un nivellement du montant des retraites par le bas, concomitant à un allongement de la durée de cotisations. Quelle cohérence y a-t-il à vanter à l’étranger les mérites de notre système de pension qui permet à nos retraités d’être les moins pauvres d’Europe, d’avoir un pouvoir d’achat supérieur au reste de la population et en même temps de le décortiquer, de le faire exploser au nom d’une pseudo égalité de droits ? Mais quelle mouche a donc piqué ces libéraux qui se rapprochent finalement plus du monde ancien et pour qui la seule logique égalitaire est de crever l’œil du borgne pour qu’il voit aussi bien que l’aveugle ?

Reste que samedi dernier, l’appel à manifestation lancé par Force Ouvrière a rencontré un réel succès avec plus de 15 000 personnes qui ont défilé à Paris de la Place Duroc à la Place Denfert-Rochereau. Et du coup, la donne n’est plus la même : quelques Cassandre ne donnaient pourtant pas cher de ce rassemblement lancé par notre seule Confédération alors que le même jour avaient lieu les manifestations pour le climat et des gilets jaunes. Elles en sont pour leur frais …Il est clair qu’aucune confédération syndicale ne pourra, à elle seule, faire plier le pouvoir. Mais, par notre ligne claire, indépendante et déterminée, par notre action cohérente et interprofessionnelle, nous avons montré l’exemple et le chemin. Bien sur, cela demandera l’unité la plus large. Dans son discours de clôture, samedi, Yves Veyrier, secrétaire général de FO l’a bien précisé : « Nous aurons besoin de réunir une unité d’action syndicale si nous voulons gagner, nous le savons, et c’est dans ce sens-là que nous travaillons aujourd’hui». Avant d’ajouter « s’il faut aller à la grève, nous sommes prêts ».

Voilà, on y est !

23 septembre 2019

François GUERARD

Secrétaire général