
Bilan 2024-2025 de la professionnalisation des enseignants et CPE
Groupe de travail du 18/06/2025 « Bilan 2024-2025 de la professionnalisation des enseignants et CPE stagiaires »
FO Enseignement agricole était représenté par Jean Pierre NAULIN.
Des biais méthodologiques
FO Enseignement Agricole alerte sur la faiblesse méthodologique des résultats présentés, fondés sur des taux de réponse parfois faibles et donc peu représentatifs.
FO EA souligne notamment que certaines non-réponses s’expliquent par un défaut de clarté sur la garantie d’anonymat de l’enquête. Le fait que celle-ci ait été diffusée avant la titularisation des stagiaires a renforcé les réticences : plusieurs ont exprimé la crainte que des réponses critiques puissent être utilisées contre eux. Ce climat de méfiance a logiquement freiné la sincérité et la participation, biaisant d’autant plus les résultats.
- Exemple emblématique : les enseignants externes 6 semaines
Dans ce parcours, 18 stagiaires étaient concernés, mais seulement 12 ont répondu à l’enquête. Ce faible taux de participation rend toute interprétation fragile.
- Un indicateur trompeur : le « taux net de satisfaction »
FO EA dénonce également l’utilisation du « taux net de satisfaction sur 10 », présenté comme un indicateur de qualité. Ce taux est calculé en rapportant uniquement les avis positifs (très satisfaits + plutôt satisfaits) à l’ensemble des avis exprimés, en excluant les « sans avis ». Ce mode de calcul gomme mécaniquement les insatisfactions et produit une lecture biaisée.
Ainsi, un score de 7/10 ne signifie pas que 70 % des stagiaires sont satisfaits, mais simplement que, parmi ceux qui ont répondu, une majorité relative a donné un avis positif. Ce glissement permet d’afficher un indicateur visuellement flatteur, sans refléter la diversité des ressentis ni l’existence de critiques.
FO EA dénonce cette méthode qui invisibilise les mécontentements, déforme la réalité vécue et empêche de tirer des enseignements utiles.
Des critiques nettes sur le module 1 – « Agir dans une communauté éducative »
Le module 1, censé introduire les stagiaires aux missions éducatives et aux valeurs du service public agricole, fait l’objet de retours préoccupants, notamment :
- Des externes enseignants (6 semaines et 10 semaines) assez insatisfaits de l’accompagnement.
- Une formation qui leur semble déconnectée des réalités de terrain,
- Certaines de leurs attentes non prises en compte ou traitées de manière théorique,
- Une animation plutôt descendante.
FO EA regrette que ce module, central dans l’année de professionnalisation, ne remplisse pas ses objectifs. Pour FO EA, il faut réécrire entièrement ses contenus et modalités, en s’appuyant sur des témoignages de terrain, des cas concrets, et une vraie interactivité.
Une semaine de visioconférence peu satisfaisante
FO EA relaie les critiques exprimées par de nombreux stagiaires concernant la semaine de visioconférence organisée par l’ENSFEA :
L’animation est jugée peu engageante et peu adaptée au format en ligne,
L’ENSFEA s’est engagée à améliorer ce format dès l’an prochain, avec une animation plus dynamique et des contenus revus.
Une rentrée trop précoce et des semaines trop denses
Plusieurs stagiaires ont également pointé :
- Une rentrée à l’ENSFEA trop anticipée par rapport à celle des établissements, ne leur laissant pas le temps de prendre leurs fonctions dans de bonnes conditions,
- Des semaines à l’ENSFEA trop chargées, avec peu de temps libre pour assimiler les contenus ou retravailler les apports.
Des informations essentielles insuffisamment accessibles
FO EA souligne que de nombreux stagiaires ont rencontré des difficultés persistantes pour accéder à des informations pourtant fondamentales, en particulier sur les modalités de remboursement des frais de déplacement. Cette opacité a généré un stress inutile, une désorganisation importante et un sentiment d’abandon. FO EA déplore que, malgré ses alertes réitérées chaque année, les mêmes obstacles se reproduisent sans amélioration notable. Il est inacceptable que des stagiaires engagés dans un parcours exigeant soient laissés sans réponse sur des éléments aussi basiques que la prise en charge de leurs frais professionnels.
Un manque d’interactivité et d’ancrage professionnel
Des stagiaires ont également relevé une faible interactivité dans certaines séances, ainsi qu’un manque d’ancrage dans les réalités professionnelles. FO EA appelle à une pédagogie plus active, connectée au terrain, en particulier pour les publics déjà expérimentés.
- Une rentrée à l’ENSFEA trop anticipée par rapport à celle des établissements, ne leur laissant pas le temps de prendre leurs fonctions dans de bonnes conditions,
- Des semaines à l’ENSFEA trop chargées, avec peu de temps libre pour assimiler les contenus ou retravailler les apports.
L’ENSFEA indique être contrainte par un cadre horaire dense, mais FO EA demande des ajustements pour permettre une meilleure respiration pédagogique.
Conditions de vie sur le campus : des points à améliorer
La vie sur le campus ENSFEA est jugée globalement satisfaisante, mais des critiques récurrentes concernent la restauration, notamment le temps trop court pour se restaurer convenablement entre les séances.
Limites structurelles du dispositif de professionnalisation
FO Enseignement Agricole souligne les limites structurelles du dispositif tel qu’il est organisé actuellement.
Les enseignants externes 10 semaines, à 50 % de service, sont ceux qui expriment le plus d’effet positif sur leur formation : 9 déclarent un effet plutôt positif, 6 un effet très positif. Cela valide une revendication constante de FO EA : un temps de service allégé est indispensable pour permettre aux stagiaires de se former efficacement.
Cependant, plusieurs stagiaires révèlent aussi des effets pervers : absences non remplacées, surcharge des équipes, difficultés d’intégration. Pour les externes, sans expérience préalable, cela complique l’entrée dans le métier.
Les enseignants externes 6 semaines, à 80 % de service, jugent la modalité beaucoup plus difficile : seuls 3 sur 12 la trouvent très positive, contre 8 qui la trouvent difficile ou très difficile. Les critiques portent sur le morcellement de l’année, la charge de travail, la préparation insuffisante et un accompagnement inégal.
Chez les internes (100 % de service), 18 sur 41 estiment la modalité difficile, plusieurs décrivant un sentiment de « courir sans jamais pouvoir s’investir » dans les modules.
L’administration (DGER) précise que, pour les enseignants déchargés à 50 %, des postes dits « d’ajustement » sont créés afin de compenser ce temps, permettant aux établissements de disposer des moyens nécessaires pour recruter. Pour les enseignants déchargés à 20 %, la DGER indique qu’elle attribue les moyens via la DHG (notamment sous forme d’heures supplémentaires) pour que le remplacement soit assuré. S’agissant des autres temps de formation (présentiel ou distanciel), la DGER a rappelé aux chefs d’établissement que ceux-ci ne doivent en aucun cas donner lieu à des rattrapages de cours par les stagiaires.
FO EA réaffirme que ces résultats confirment un fait connu : la surcharge de service empêche toute logique de professionnalisation. Un stagiaire n’est pas un agent de remplacement.
Une journée d’échange régionale trop inégale
FO EA déplore que les journées d’échange prévues par la note de service n’aient pas été systématiquement organisées par les DRAAF, ou dans des conditions jugées insuffisantes. Ce temps d’accompagnement régional doit être respecté et amélioré.
Une formation d’acculturation minimale en projet
FO EA prend acte du projet du MASA d’imposer à tous les agents entrants un module de formation à distance sur la « culture minimale du ministère ». Si l’objectif de mieux faire connaître les valeurs et les missions du MASA peut paraître légitime, FO EA rappelle que l’acculturation ne saurait se réduire à un module à distance impersonnel. Ce type de contenu nécessite un véritable accompagnement, une intégration progressive en lien avec les pratiques professionnelles, et doit impérativement être réalisé sur le temps de travail.
La professionnalisation mérite mieux
FO Enseignement Agricole rappelle ses positions fermes :
On ne peut pas professionnaliser sans prendre le temps : la surcharge de service rend les formations secondaires et épuisantes.
On ne peut pas professionnaliser sans écouter les stagiaires : leurs critiques doivent être prises au sérieux et leur formation adaptée en continu.
FO EA demande :
- Une refonte du module 1, avec une pédagogie active et ancrée dans le réel de l’enseignement agricole,
- Un allègement des services des stagiaires, avec un encadrement réel en établissement,
- Une revalorisation du rôle des tuteurs et un pilotage ENSFEA plus en phase avec les besoins des stagiaires,
- Une amélioration de la semaine en visio et un calendrier de rentrée réaliste,
- Une réorganisation des semaines ENSFEA pour permettre du temps libre et du travail personnel,
- Une amélioration des conditions d’accueil et de restauration sur le campus,
- Une application rigoureuse de la note de service par les DRAAF, avec un accompagnement régional renforcé.
- Une plus grande transparente sur les modalités de prise en charge des frais de déplacement.
N’hésitez pas à nous contacter : foenseignementagricole@agriculture.gouv.fr
