
Déclaration liminaire CSA M 10 et 11 juin 2025

A Paris, le 10 juin 2025
Fonctionnaires oubliés, missions sacrifiées : l’exigence d’un changement de cap
Comité Social d’Administration Ministériel des 10 et 11 juin 2025
Madame la présidente, Mesdames et Messieurs de l’administration, chers collègues,
Nous sommes réunis aujourd’hui dans un contexte particulièrement tendu pour les fonctionnaires et agents publics. Les défis auxquels nous faisons face sont nombreux et complexes.
Manque d’attractivité
Entre le « fonctionnaire-bashing », la dégradation des conditions de travail, la stagnation des salaires et l’absence de perspectives de carrière, l’attractivité de la fonction publique est en berne. Comment pouvons nous espérer attirer de nouveaux agents dans ces conditions ? Et pour FO Agriculture, ce n’est pas la dernière revalorisation de l’IFSE qui va inverser la situation, et en particulier pour les B et C, sans oublier l’incertitude qui pèse sur son application pour nos collègues décroisés ou affectés chez les opérateurs.
Mal-être des fonctionnaires
Les effectifs sont insuffisants, les missions se multiplient, et les agents sont de plus en plus sollicités. Cette situation est intenable et conduit à une détérioration de la qualité du service public.
Le mal-être des fonctionnaires est une réalité : surcharge de travail, manque de reconnaissance, conditions de travail dégradées, pressions hiérarchiques, agressions… La santé mentale et physique de vos agents est fortement impactée. Les burn-outs et les arrêts maladie toutes catégories confondues se multiplient. FO Agriculture vous demande d’agir pour revoir les effectifs, améliorer le bien-être au travail et mettre en application des mesures concrètes pour soutenir nos collègues.
Restructuration des opérateurs
FO Agriculture s’élève contre la remise en cause d’organisations qui fonctionnent, sans concertation et sans respect pour les agents de terrain. Dans l’optique d’économie de 40 milliards sur les services publics, l’annonce par Amélie de Montchalin de la fusion ou de la suppression des opérateurs sèment le trouble chez nos collègues. C’est le cas notamment de l’INFOMA, l’ASP, l’INAO, l’ODEADOM, l’agence BIO, FRANCEAGRIMER mais aussi l’ANSES dont les agents voient l’expertise scientifique indépendante et pluraliste remise en cause notamment en terme de sécurité sanitaire et de santé publique.
Précarisation des emplois
La contractualisation croissante des emplois publics est également une source de préoccupation majeure. Alors que la stabilité de l’emploi était une caractéristique fondamentale de la fonction publique, nous assistons aujourd’hui à une précarisation sans précédent. Les contrats précaires, les emplois à temps partiel subi, et les missions temporaires se multiplient, laissant de nombreux agents dans une situation d’insécurité permanente. Pour FO Agriculture, cette précarité est inacceptable et doit être combattue avec vigueur. Nous devons défendre des emplois stables et de qualité pour tous les fonctionnaires.D’autre part, suite à la revalorisation des fonctionnaires, qu’est-il prévu pour les contractuels ?
FO Agriculture demande la mise en place d’un plan de déprécarisation.
Un avenir pour l’Enseignement Agricole ?
Alors que notre société traverse une crise profonde de sens, de cohésion et de perspectives, l’enseignement agricole incarne un modèle à part, où l’accompagnement des jeunes, la transmission des savoirs et le lien au vivant prennent une dimension humaine, territoriale et républicaine essentielle.
Et pourtant…
Malgré son efficacité, son adaptabilité et son engagement constant, cet enseignement est fragilisé, attaqué.
FO Agriculture dénonce les suppressions de 45 ETP pour la rentrée 2025. Ces suppressions vont nuire à la qualité des formations et à la stabilité des équipes pédagogiques. Nous revendiquons des créations de postes pour les prochaines rentrées. Nous rappelons que l’étude d’impact de la Loi d’orientation agricole prévoyait la création de 200 postes.
FO Agriculture constate le manque criant de reconnaissance statutaire, en particulier pour les agents contractuels et les personnels précaires qui assurent une part croissante des missions. Pour illustration, la liste des mobilités des ACEN-CDI a été publiée avec une semaine de retard sur la date annoncée. De plus le nouveau dispositif est incompris des agents et mal communiqué. Cela a provoqué du désarroi et aura des conséquences sur les agents et les établissements si certains n’ont pas redemandé leur poste. Pour le Bureau des contractuels, il risque d’y avoir un afflux de réclamations et une surcharge de travail.
FO Agriculture pointe les injonctions paradoxales : faire toujours plus avec moins, répondre à des besoins croissants sans moyens adéquats. Dans l’enseignement supérieur, la DGER indique vouloir recruter 20% d’élèves en plus dans les écoles agro et 75 % en plus entre 2017 et 2030 dans les écoles vétérinaires. Mais les moyens de ces écoles baissent, tout comme le nombre d’agents. Comment continuer à assurer les missions ?
FO Agriculture refuse que l’enseignement agricole public soit une variable d’ajustement budgétaire.
Enfin, FO Agriculture dénonce la neutralisation du dialogue social à Mayotte, sur un fond d’iniquité et d’engagements ministériels non tenus.
Merci pour votre attention.
L’équipe FO Agriculture