CSA

Déclaration liminaire CSA 12 juin 2025

« Objets inanimés avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? » Un peu de poésie dans ce monde de brutes, ça ne peut pas faire de mal, évidemment… Maintenant, la question reste posée… Que faisons-nous de notre âme ???

Ce midi , une minute de silence a été respectée pour marquer notre émotion après la mort d’une de nos collègue Assistante d’Éducation à Nogent. Mélanie, 31 ans, tuée à l’arme blanche par un collégien de 14 ans, qui n’avait pas de difficulté particulière, mais voulait tuer une surveillante, n’importe laquelle… FO Enseignement Agricole est évidemment de tout cœur avec la famille de Mélanie, avec ses proches, avec ses collègues, ses élèves traumatisés.

Ça aurait pu arriver dans un lycée agricole… Pourtant, quand dans un de nos établissements, une collègue est menacé de mort, en l’absence de la directrice du site, le directeur d’EPL ne juge pas utile de se déplacer en personne pour apporter son soutien à l’agent et à ses collègues et juge même insupportable que les agents ainsi abandonnés puissent en référer à leurs organisations syndicales.

Nous l’avions dit dans une précédente déclaration suite à l’assassinat de Dominique Bernard, il ne sert à rien de se couvrir le visage de cendres, d’agiter les bras et de pleurer. Il nous faut des actes forts pour que de tels drames ne puissent pas se reproduire. Cela passe par :

  • une amélioration des taux d’encadrement (à l’opposé de la politique actuelle) ;
  • par une meilleure reconnaissance des Assistants d’Éducation et un recrutement qui tienne compte de la réalité de nos établissements (surface, existence des exploitations…) ;
  • un véritable statut pour les Assistants pour les Élèves en Situation de Handicap (catégorie B), indispensables à l’inclusion, prétendument priorité nationale,  l’accès à une formation de qualité, ainsi que le respect de leurs droits ;
  • la mise en place d’une véritable médecine scolaire qui intègre des psychologues scolaires, la reconnaissance de nos infirmiers et infirmières scolaires, par exemple en leur attribuant le CTI-Ségur ;
  • La mise en œuvre d’un plan de formation réel de tous les contractuels recrutés dans l’enseignement agricole, qu’ils soient enseignants, formateurs, AED, AESH, CPE, personnels de direction ou administratifs, afin de leur permettre une vraie montée en compétences et une adéquation au poste de travail (par pitié, ne parlez pas de TUTAC !) dès la signature du contrat.

Depuis des mois maintenant, vous appliquez sans état d’âme un plan de réduction des effectifs (qu’avec des pudeurs de gazelle vous nommez réduction de la DGH) qui va conduire à des non renouvellements de contrats pour bon nombre d’agents contractuels, ou des réductions de quotité (multiplication des postes d’ajustements), sans parler des établissements dont la survie même est en question (Niort, Surgères).

Nous vous alertons sans relâche depuis plusieurs années sur la situation particulièrement critique dans certains établissements en ce qui concerne le si mal-nommé « bien-être au travail » mais, malgré des inspections, des arrêts de travail, rien ne bouge et le management toxique se poursuit, voire s’aggrave…

Pendant ce temps, l’auto-évaluation des établissements se poursuit à marche forcée. Sans grande surprise, dans bien des cas, les préconisations des « extérieurs », après analyse des documents de travail, sont d’aller toujours vers plus d’autonomie des établissements, la mise en place de la semestrialisation, le mixage des publics. Qu’importe les remontées du terrain ! Ceci s’apparente  davantage à la mise en place d’une feuille de route (ministérielle ?).

Le saccage, de moins en moins progressif, de l’appareil public d’enseignement agricole semble vous laisser de marbre, votre loyauté semblant se diriger toujours systématiquement vers votre autorité de tutelle davantage que vers les agents qui font tourner concrètement les établissements.

A vrai dire, on se demande à partir de quel moment notre autorité académique régionale va se réveiller et enfin, se décider à ne plus accepter l’inacceptable, dans une époque où les limites du tolérable semblent chaque jour reculer ? Fervents défenseurs du service public de l’enseignement agricole, nous ne pouvons plus accepter de vous entendre toujours justifier l’injustifiable.

Aujourd’hui, nous sommes réunis pour évoquer les conditions de la rentrée 2025. Cette rentrée sera sous contrainte à rebours de tout ce qu’il conviendrait de mettre en œuvre pour tenir l’objectif de formation de +30 % d’agriculteurs à l’horizon 2030. Pour FO Enseignement Agricole, le compte n’y est pas et le préalable à toute discussion devrait être la remise en place de la DGH manquante (8,5 ETP à l’échelle de notre région), tant la formation ne saurait être une variable d’ajustement. C’est l’âme même de l’enseignement agricole public qui est en jeu. Et la question se pose : que faisons-nous de notre âme ?