
Propos liminaires CNESERAAV 4 décembre 2024
Monsieur le Président,
Nous nous réunissons aujourd’hui dans un contexte marqué par l’urgence et l’inquiétude. L’enseignement agricole, technique et supérieur, est au cœur des nécessaires transformations de nos modèles agricoles, pour faire face aux défis sociaux, environnementaux et climatiques. Nos établissements forment les acteurs du monde rural de demain et contribuent, par la recherche, à ces enjeux essentiels. Pourtant, nous constatons une dégradation continue de nos moyens et de nos conditions de travail.
Le CNESERAAV de fin d’année est traditionnellement un moment clé : celui de la répartition des moyens entre les écoles. Cette année, il prend une tournure plus sombre encore, dans le contexte où la situation budgétaire de la France a été théâtralisée et dramatisée à outrance, depuis la fin de l’été, afin de nous faire bien comprendre qu’il faudrait encore une fois se serrer la ceinture. La perspective budgétaire pour 2025 s’annonce difficile, avec une baisse de 13 millions d’euros sur le programme 142, soit une réduction de 7,6 %.
Le ministère demande une augmentation des effectifs, depuis 2017, pour les écoles vétérinaires et les écoles d’agro. La plupart de nos écoles sont attractives et les recrutements d’étudiants sont en augmentation. Les formations débouchent dans des secteurs qui emploient et sur des métiers qui ont du sens pour les jeunes.
Le ministère continue d’exiger pour les écoles, publiques et privées un accroissement de 30% par rapport à 2017 du nombre d’ingénieurs formés d’ici à 2030. Selon la ministre, il faudra par rapport à 2017, 75 % de vétérinaires diplômés dans nos écoles en plus en 2030.
Elle l’a annoncé sans détour : il faudra faire davantage d’efforts, à moyens constants. Notons que 17 000 étudiants sont inscrits dans le supérieur agricole (public et privé).
Comment nos écoles vont-elles pouvoir absorber le surplus d’étudiants ? A moyens constants moins l’inflation ? Dans nos écoles, les collègues nous font part de leur dépit et de leur découragement. Elles et ils constatent une détérioration de leurs conditions de travail et une précarisation de plus en plus maligne des emplois, notamment dans la recherche avec les contrats de projets et les contrats hors plafond.
Dans les écoles, il faut parfois dédoubler les promotions afin d’assurer les cours et les TD. Les amphis et les salles ne sont pas adaptés. Il faut faire d’avantage d’heures.
Et que dire des écoles peinant à recruter dans certains secteurs, comme celles formant aux secteurs de l’agroalimentaire ? Où sont les politiques de communication nécessaires, peut-être mises en œuvre par ces secteurs eux-mêmes pour rendre ces métiers plus attractifs ? Si le ministère affirme que la subvention pour charge de service publique est préservée, le constat est que beaucoup d’écoles sont dans la difficulté et doivent renoncer à des travaux, à des équipements ou limiter la voilure de certaines activités pédagogiques. L’augmentation du coût des fluides, celle des salaires des ACB et la prise en charge de la PSC ont mis à mal les budgets de ces écoles. Certaines écoles sont dans le rouge, elles ne parviennent plus à rémunérer leurs ACB pourtant indispensables au fonctionnement de certains services : les CHUV c’est le cas à ONIRIS.
Quant à la recherche de ressources propres, elle a forcément un impact sur les personnels. La location de locaux arrive en surcharge d’équipes déjà bien débordées. Les formations professionnelles continues augmentent le service des enseignants et des services d’appui.
A cette heure, d’autres questions se posent :
- Où en est le projet de loi agricole ?
- Quid du projet de Bachelor annoncé
L’épuisement des personnels est palpable. Nous sommes à un point critique, où continuer à négliger nos besoins reviendra à nuire aux missions même de l’enseignement agricole.
Dans ce contexte d’attaques et de dénigrement de la Fonction publique, FO EA invite tous les collègues à se mobiliser massivement
ce jeudi 5 décembre,
premier jour d’avertissement pour nos gouvernants.
Ensemble nous pouvons faire changer les choses.