
Déclaration liminaire CNEA du 16/10/2025
Monsieur le président du CNEA,
Mesdames, Messieurs les membres du CNEA,
FO Enseignement Agricole prend acte du budget présenté hier dans le cadre de ce CSA ministériel.
Un budget que nous qualifierons de régression, et ce à double titre.
D’abord, parce que si l’on peut se réjouir — en apparence — d’un gain de 40 ETP, principalement destinés au développement du Bachelor Agro, il s’agit en réalité d’un jeu à somme nulle : ces créations se feront au détriment des autres services du ministère.
Nous refusons que l’enseignement agricole soit instrumentalisé dans une logique de vases communicants où l’un ne progresse qu’au prix de l’asphyxie de l’autre.
Ensuite, parce que le budget présenté comme étant en augmentation par rapport à 2023 est, en euros constants, en baisse réelle.
Ce tour de passe-passe comptable ne trompe personne. Il est désormais acté que ce budget ne permettra pas de financer le Pacte enseignant au même niveau qu’en 2025. Il ne permettra pas non plus d’atteindre les objectifs ambitieux affichés dans la LOA. Et nous doutons fortement qu’il couvre les besoins liés aux revalorisations catégorielles tant attendues par nos infirmier·es, AED, personnels de direction, et bien d’autres encore.
Mais au-delà des chiffres, FO EA souhaite rappeler la réalité du terrain, bien éloignée du discours officiel.
Dans nos établissements, la situation est loin d’être idyllique : certaines équipes sont au bord de l’implosion.
Par exemple, les enseignants de 4e, 3e et CAPa voient leurs effectifs augmenter fortement, tandis que les élèves à besoins particuliers deviennent majoritaires dans certaines classes. Parmi eux, de plus en plus de jeunes en grande détresse psychique, mettant en difficulté voire en danger les équipes, les autres élèves, et au final, la réussite de tous.
Nous voyons déjà des parents retirer leurs enfants de nos classes, faute d’un cadre éducatif et protecteur suffisant.
Nous en arrivons à ne plus pouvoir garantir la sécurité ni le bien-être de ceux qui nous sont confiés.
Il devient donc impératif de sanctuariser nos classes, de redonner des moyens réels aux équipes, et de préserver des effectifs raisonnables : ce qui est possible dans une classe à 12 en CAPa ne l’est plus dans une classe à 20 ou 27.
Mesdames, Messieurs, nous pouvons vous féliciter d’une augmentation globale des effectifs d’apprenants accueillis dans l’enseignement agricole. Mais cette croissance se fait au prix d’une politique à courte vue, qui nous conduit, à terme, vers le naufrage du service public d’enseignement agricole. FO Enseignement Agricole refuse d’en être le témoin passif
Nous vous le disons avec gravité : l’École n’est pas un coût, mais un investissement pour l’avenir. Encore faut-il en donner les moyens humains, financiers et pédagogiques !