CREA Occitanie du 21 novembre 2025

Déclaration liminaire
CREA Occitanie du 21 novembre 2025
Mesdames, Messieurs, membres du Comité Régional de l’Enseignement Agricole d’Occitanie, Monsieur le Directeur Régional, Monsieur le Chef de Service,
La rentrée 2025 devait marquer la priorité donnée à l’enseignement et au renouvellement des générations d’agriculteur·trices. Malheureusement, la réalité est tout autre.
Malgré la stabilité des effectifs observée, l’Enseignement Agricole Public subit une nouvelle fois une baisse draconienne de ses moyens humains (–25 ETP), fragilisant encore davantage les conditions d’emploi et d’apprentissage.
En Occitanie, l’augmentation apparente de la DGH de 995 h n’est qu’une illusion : les moyens ne sont toujours pas à la hauteur des besoins et des enjeux auxquels le service public doit répondre. Et pour cause : pour respecter l’enveloppe budgétaire, l’autorité académique se doit d’imposer des seuils de recrutement calculés au plus juste.
Les baisses drastiques de DGH dans certains établissements (–1833 h à Vic-en-Bigorre, –1278 h à Auch Beaulieu…) confirment l’effet délétère des seuils de recrutement, impossible à évaluer faute d’informations de la part de notre autorité académique. Nous réitérons notre exigence de transparence quant à leur communication !
S’y ajoutent des conditions de travail toujours plus dégradées, peu propices aux apprentissages, les dédoublements n’étant plus systématiquement accordés, faute de financement.
Dans certains établissements, les équipes sont au bord de l’implosion face à l’accueil croissant, de publics difficiles en 4ᵉ, 3ᵉ et CAPA, ainsi qu’à la hausse significative du nombre d’élèves à besoins particuliers, parfois en grande fragilité psychologique, le tout sans aucun moyen supplémentaire.
La logique de redéploiement de la DGH d’un établissement à l’autre, en fonction des résultats du recrutement, est inacceptable. Elle revient, en effet, à asphyxier certains sites au profit d’autres, dans une mécanique de vases communicants contre-productive.
Pire encore, la non-ouverture de la 2de pro NJPF à Castelnau-le-Lez, bien que le projet ait été voté au CREA en novembre 2024, illustre cruellement le manque de moyens disponibles.
Pour les personnels, tous les indicateurs sont au rouge : gel de la valeur du point d’indice, conditions de travail dégradées, manque de considération et de reconnaissance professionnelle… Tout cela alimente une crise d’attractivité qui frappe de plein fouet l’enseignement, alors même que le rapporteur de la commission des finances de l’assemblée nationale, propose le gel de l’avancement des agentes !
La région Occitanie n’a pas été épargnée : 10 postes de contractuel·les étaient non pourvus à la rentrée, avec une situation particulièrement tendue à Figeac en zootechnie.
La question des rémunérations et des carrières est au cœur des préoccupations. Le refus persistant du gouvernement de répondre aux attentes légitimes des personnels accentue le malaise et conduit à toujours plus de démissions ou à des non-renouvellements de contrat, parfois même choisis par les agent·es eux·elles-mêmes. Comme si cela ne suffisait pas, ils peinent ensuite à obtenir leur attestation de fin de contrat retardant d’autant le versement des indemnités chômage, les plaçant ainsi dans une précarité inadmissible, source d’un mal-être profond.
Précarité que l’on retrouve également dans de nombreux centres CFA/CFPPA de la région qui ont subi d’importantes coupes budgétaires. Celles-ci ont entrainé de nombreuses dégradations des conditions de travail renforçant le stress des équipes ainsi que leur sentiment d’abandon par leurs responsables hiérarchiques et régionaux.
Concernant la carte scolaire, nous dénonçons un projet bien trop minimaliste ainsi qu’une autocensure persistante de la part des établissements publics, alors même qu’il serait nécessaire d’augmenter les effectifs de 30 % d’ici 2030. Sur 29 lycées, seuls 6 ont formulé une demande d’ouverture. La DRAAFSRFD n’a émis que 2 avis favorables, de surcroît conditionnés à l’obtention de la DGH correspondante. Cela reste très insuffisant tout en laissant planer un doute inacceptable : la nonouverture de la 2de pro NJPF à Castelnau-le-Lez l’année dernière nous a laissé un goût particulièrement amer.
L’absence de pilotage national dans la mise en œuvre des contrats territoriaux soulève des interrogations, d’autant que les personnels de l’Éducation et de la formation sont peu associés aux instances décisionnelles. Nous nous inquiétons du rôle prépondérant confié aux branches professionnelles dans l’élaboration de ces contrats, reposant sur une logique adéquationniste qui risque, à terme, de fragiliser certains secteurs de formation, sans permettre pour autant l’insertion professionnelle des apprenant.es. Par ailleurs, nous doutons que ces contrats, élaborés conjointement par le Conseil régional, l’Enseignement agricole, l’Éducation nationale et les partenaires professionnels du territoire, reposent sur une vision stratégique réellement partagée ou sur une coordination suffisamment structurée entre ces différents acteurs. Cette crainte est d’autant plus fondée dans les territoires en déprise démographique. Enfin, l’absence de réponse claire de l’autorité académique aux interrogations précises et légitimes que nous avons exprimées en CSA U REA le 14 novembre dernier ne fait qu’accentuer notre méfiance.
À l’heure où les discussions budgétaires sont engagées à l’Assemblée nationale, nous questionnons sérieusement la capacité de notre ministère à défendre un budget ambitieux. Pourtant celui-ci est indispensable pour relever le défi du renouvellement des générations d’agriculteur·trices et réussir pleinement la transition écologique.
Nous ne renoncerons pas ! Face à une politique qui met les établissements publics à rude épreuve et ignore la voix des personnels, nous réaffirmons avec détermination :
L’Enseignement Agricole Public n’est pas un coût, mais un investissement pour l’avenir !
