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Edito de Brigitte PERROT 19 mars 2018

Les retraités ont ouvert le bal

La télévision est décidemment une bien étrange lucarne. Déjà réductrice de la réalité par le format même de l’image que l’on regarde, elle l’est d’autant plus lorsque ON décide  de réduire le débit de l’information et de mal présenter par un choix bien orienté  ce qui peut … gêner. En mode service minimum. Ainsi de la journée de mobilisation des retraités le 15 mars  qui n’a pas fait les gros titres des journaux télévisés  et suscité seulement quelques commentaires obligés sur les chaînes d’info en continu. Difficile quand même d’y échapper… On se retrouve avec une drôle  de conception de l’information. Parce que s’il l’on y regarde d’un peu plus près,  la presse quotidienne régionale où les journalistes localiers ont honnêtement fait leur boulot, on se rend compte que cette journée s’est soldée par un véritable succès. Quelques chiffres ? 1500 à Metz, 1200 dans l’Orne,  2200 à Rennes, 500 à Concarneau, 300 à Guingamp, 800 à Saint-Brieuc, 800 à Lannion, 600 à Saint-Malo,  1000 à Quimper, 1000 à Morlaix, 2500 au Havre, 4000 en Alsace, 30 000 à Paris. On s’arrêtera là mais c’est avec maestria que les anciens  ont ouvert le bal des manifestations de ce mois de mars.  On ne l’a pas vu ou si peu à la télé, preuve que cette journée fut une réussite. Elle se serait soldée par un échec, l’héritage de Johnny serait passé loin derrière… Le nouveau monde ne passe pas et pas seulement chez les anciens mais chez tous les salariés du public comme du privé. Maintenant, on y est : avec la grève perlée des cheminots (bouc émissaires tout trouvés pour expliquer les mauvais choix de la SNCF) et la manifestation de ce jeudi 22 mars des agents des trois fonctions publiques où viendront sans doute se greffer d’autres secteurs d’activité mais aussi la jeunesse, le gouvernement est au pied du mur et il sait qu’il joue gros. Son silence est un peu semblable à celui qui précède un tsunami : la mer est calme, seuls les oiseaux semblent agités et volent vers les terres … La vague, la grande vague se discerne à peine si on regarde l’horizon alors, on fait comme si !

Les raisons de ce 22 mars que nous nous allons réussir, nous les avons tant et tant de fois expliquées : gel du point d’indice, rétablissement d’un jour de carence en cas d’arrêt maladie, suppression de 120 000 postes d’ici 2022, mise en place d’une rémunération au mérite, instauration d’un plan de départs volontaires, fusion comme dans le privé, de certaines instances représentatives du personnel. C’est la plus forte attaque jamais lancée contre le statut général. Les agents en sont bien conscients puisqu’à cette heure, quelque 140 manifestations sont prévues à travers toute la France.

Jeudi, il nous faut tous descendre dans la rue. Si c’est un succès Jupiter, ses dieux et déesses comprendront mieux cette subtile réflexion de Nietzsche « ceux qui dansent sont pris pour  des fous par ceux qui n’entendent pas la musique ».

Au 22, mes camarades.

Brigitte PERROT